Préambule.
Les fonds anciens, antérieurs à la Révolution, des Archives des Landes ne sont pas très volumineux. Les documents médiévaux y sont d'une rareté que personne n’est encore parvenu à expliquer d'une façon satisfaisante : on sait que, du fait de la domination anglaise pendant trois siècles, beaucoup de fonds sont conservés à Londres, et que les Guerres de Religion ont entraîné d’importantes destructions. Mais il semble aussi que le premier tiers du XIXéme siècle ait été, pour les archives landaises, une période sombre où beaucoup de documents ont été perdus ou détruits.
Histoire.
En toponymie, c’est la forme d’un relief. Un éperon, du germanique sporo, est un promontoire.
Il existe aussi une légende historique qui dit qu’à l’époque où régna Henri IV, existait un logis de chasse où celui-ci venait de temps à autre en passage vers Pau via Orthez. Lors d'une chasse, pourtant très bon cavalier, il en perdit son éperon au talon droit qui lui manqua énormément pour la continuité des événements. Aussi son désir d’être seul, certainement encore pour une amoureuse du coin, il y renvoyât tout son entourage qui l’escortait à cette recherche de son éperon. Jusqu'à ce jour, l'éperon en question n'a jamais été retrouvé…
Lieu de passage de chasseurs, brigands et pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, l'endroit fut maintes fois pointé du doigt comme le village de l’éperon, d'où le nom de Lesperon.
Plus sérieusement, Lesperon est bâtie sur une éminence protégée par le ruisseau, le Vignacq. D’ailleurs le nom primitif était Araast, de arx, citadelle, endroit fortifié. Il existait au Moyen Âge l’église « sanctus Petrus de Arrast », disparue depuis.
La première mention de Lesperon date du 6 avril 1273 : « Arnoldus de Lesperon de parrochia, in Borno », reconnaît devoir certaines redevances au roi Édouard d’Angleterre.
6 avril 1273. Arnaldus de Lasperon, de parrochia de Bios in Borno, pro se et Petro Bernardo et pro
Yitali de Lashedias, fratribus, quorum est procurator, dixit quod ipsi sunt immediate dicti Regis et tenent omnia que habent in dicta parrochia; exceptis quibusdam terris quas tenent ab illis d'Artigameira ….. qualibet domus debet ….. baillivo de Mimissano v. solidos census in festo beati Martini hiyemalis ….. nihil habent in allodium, nisi terras predictas francales ….. jus coram baillivo predicto.
En 1305, Amanieu d’Albret acheta la paroisse de Lesperon et fit construire un château (A) qui devint un repaire où l’on rançonnait les passants et les pèlerins. Il en reste les toponymes « Tire-veste », « Tire-culotte ».
Achapt des paroisses de l'Esperon, d'Arrast et d'Arion faict par messire Amanieu sire d'Albret, de Amanieu Ramond vicomte de Tartas, pour la somme de vingt-cinq mille livres sols mort, et y sont descripts par le même, touttes les rentes desdictes paroisses avec le nom des tenanciers. Faict le treizième jour du mois de may mil trois cent cinq, cotté K.2.
En 1326, Édouard II signalait au sénéchal de Gascogne, Olivier de Ingham, le château ou motte qu'Amauieu d'Albret avait fait construire près Lesperon, dans les Landes, à peu de distance du chemin de Bordeaux à Bayonne, comme un repaire dont les hôtes dressaient des embuscades aux passants et les maltraitaient.(Rol. vasc., 19 et 20. Ed. II, m. 4). Le roi ne désigne pas d'une façon particulière les pèlerins de Saint-Jacques ; mais il est à croire que ces pieuses caravanes fournissaient des victimes au châtelain du seigneur gascon.
Il faut savoir que Lesperon était un embranchement important sur un itinéraire vers Saint Jacques de Compostelle et une halte d’où l’on peut continuer « soit par la Navarre et Roncevaux, soit par la Biscaye ». C’est aujourd’hui le lieu-dit « Navarre ».
L’église (B), harmonieuse et plaisante, est attribuée au XIVème siècle. Elle est dotée d’une imposante tour-clocher fortifiée, munie de bretèches, armée de meurtrières et percée de mâchicoulis. Autour de l’église, il y aurait eu autrefois quatre colonnes qui seraient des vestiges d’une sauveté.
La « Fontaine Saint-Jean » (C), située à côté du Moulin de Carremonge, est toujours fréquentée.
La commune vivait de la forêt, de l’industrie du bois et des produits résineux.